Quand Pierre Carles a commencé ce documentaire, il y a trois ans, il ignorait qu'il allait nous livrer une réflexion sur l'étendue du fameux quatrième pouvoir que sont devenus les médias. «Pas vu pas pris» part d'un sujet commandé puis interdit par Canal+ qui s'appelait alors «Pas vu à la télé». Il interrogeait les ténors du petit écran sur leur métier et ceux-ci déclaraient qu'il n'y avait pas de sujets tabous. Mais tout se gâte quand il leur montre un document piraté montrant Etienne Mougeotte et François Léotard en discussion d'affaire, au sujet des destinées de TF1.
Pas Vu Pas Pris - Pierre Carles (1998) [FILM Complet, Censuré par les médiats]
Voilà un drôle de film, qui aurait dû passer à la télé. Mais il arrive que le cinéma rende service à sa vieille (et incestueuse) maîtresse. Pas vue à la télé mais narrée dans ce journal (voir le n° 2519), l'affaire Carles, exposée en détail dans le film, est l'histoire d'un petit caillou qui fait boule de neige. Le caillou : un bout de film volé montrant François Léotard (UDF) et Etienne Mougeotte (TF1) en conversation amicale (on se tutoie) et politique (le premier propose au second de se présenter dans le Var). Tiens, tiens, se dit Carles, déjà connu comme trublion chez Rapp ou Dechavanne. Et d'aller montrer ça aux télé-stars de l'info politique (de Virieu, Benyamin, Sinclair, Villeneuve, Duhamel...) afin d'enregistrer leurs réactions. Or l'anodin petit caillou leur fait mal au pied ou à la tête. Là-dessus, Carles mitonne un sujet pour Canal+, qui organise une « journée de la télé ». La chaîne le refuse. C'est le début d'un feuilleton qui se termine au point... Zéro, puisque ledit Karl, bouffon de Canal, sera l'ultime « victime » des manigances de l'autre Carles. Au-delà de ses odeurs de cuisine interne, Pas vu pas pris justifie sa présence au cinéma par ses qualités de comédie, montée sur deux ressorts : d'abord le personnage de Pierre Carles, monomaniaque obsessionnel, qui ne recule pas devant les méthodes les plus discutables (il enregistre ses interlocuteurs à leur insu), pierrot lunaire ébouriffé. Le « Ah, Pierre Carles... » de ses interlocuteurs, entre amusement et agacement, en dit assez long. Et puis il y a le défilé des grands de ce tout petit monde télévisuel, qu'on voit se dérober ou se décomposer avec un plaisir comparable à celui qu'on ressent au chamboule-tout des fêtes foraines. Ce faisant, on ne prouve pas grand-chose et on ne va pas très loin dans la subversion, mais on y va gaiement. François Gorin
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