FILM
La traversée de Paris
Comédie dramatique réalisé en 1956 par Claude Autant-Lara
En 1943, en pleine Occupation, à Paris. Marcel Martin, un chauffeur de taxi réduit au chômage par la pénurie d'essence, survit en transportant clandestinement de la viande destinée au marché noir. Il doit absolument trouver un remplaçant à son coéquipier, qui vient d'être arrêté par la police. Dans un café, il rencontre le mystérieux Grandgil, qu'il prend pour un plâtrier au chômage. Celui-ci accepte de travailler pour lui. Ensemble, ils se rendent chez Jambier, un épicier de la rue Poliveau, qui les charge de livrer un cochon, réparti en quatre valises, à un boucher de la rue Lepic, c'est-à-dire à l'autre bout de la ville. Les deux hommes devront traverser tout Paris à leurs risques et périls...
LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 19/12/2009
Film de Claude Autant-Lara (France, 1956). Scénario : Jean Aurenche, Pierre Bost, d'après Marcel Aymé. 80 mn. NB. Avec Jean Gabin : Grandgil. Bourvil : Marcel Martin. Louis de Funès : Jambier.
Genre : la petite vadrouille
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« Salauds de pauvres ! » : la réplique d'Aurenche et Bost est restée célèbre. Tout comme la colère homérique de Gabin contre tous les Français lâches, profitant de l'Occupation pour s'enrichir : « Admirez le mignon, sa face d'alcoolique, sa viande grise et du mou partout, les bajoues qui croulent de bêtise. Et l'autre rombière, la guenon, l'enflure, la dignité en gélatine, avec ses trois mentons de renfort et ses gros nichons en saindoux qui lui dévalent la brioche... »
Sous la caméra de Claude Autant-Lara, « ce boucher qui s'obstine à faire de la dentelle », disait Truffaut, l'odyssée minable d'un pauvre type et d'un artiste peintre, faisant du marché noir dans le Paris nocturne de 1943, devient un règlement de comptes avec l'ignominie ordinaire, une mini-fresque sur la barbarie à visage humain. Réalisé durant les Trente Glorieuses, qui voulaient oublier les ombres noires de l'Occupation et qui croyaient, même vaguement, en l'avenir de l'homme, le film choqua. Aujourd'hui, il devrait séduire à 100 %, puisque le cynisme, le doute et la suspicion sont pratiquement devenus des règles de vie. Avec Douce (plus subtil) et Occupe-toi d'Amélie (plus bouffon), La Traversée de Paris reste le chef-d'oeuvre noir d'Autant-Lara : du vitriol pur jus. Après quoi le cinéaste, toujours poussé par un ardent anarchisme de gauche, sombrera dans un extrémisme détestable. Au point de devenir un de ces médiocres que ses premiers films ridiculisaient si bien.
Pierre Murat
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La traversée de Paris 1 - Vidéo Dailymotion : part 1,
suite (2) :
suite (3) :
suite ( 4) :
suite ( 5) :
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