
Je suis atteint d'une funeste " pathologie de la liberté "
Jean-Christophe Rufin, Globalia. Gallimard, Paris 2004 ; réédition, Paris: Gallimard, 2005, 499
« Chacun est libre de ses actes. Or, la tendance naturelle des êtres humains est d'abuser de leur liberté, c'est-à-dire d'empiéter sur celle des autres. LA PLUS GRANDE MENACE SUR LA LIBERTÉ, C'EST LA LIBERTÉ ELLE-MEME. Comment défendre la liberté contre elle-même ? En garantissant à tous la sécurité. La sécurité c'est la liberté. La sécurité c'est la protection. La protection c'est la surveillance. LA SURVEILLANCE, C'EST LA LIBERTÉ
Évitez aussi d'être, comme moi, atteint d'une funeste « pathologie de la liberté », vous deviendriez vite l'ennemi public numéro un pour servir les objectifs d'une oligarchie vieillissante dont l'une des devises est :
« Un bon ennemi est la clef d'une société équilibré. »
on peut s'arrêter sur le tableau de la civilisation du futur tel qu'il est brossé par JCR. Son procédé consiste à extrapoler les tendances ou les potentialités actuelles. Ce qui, en retour, a pour effet de mettre en relief les travers de notre temps, tantôt par l'exagération des conséquences de nos préjugés, tantôt au contraire par leur inversion dans cet avenir de fiction.

Ce que nous dit l'histoire du recours à l'exception
TRIBUNE
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le droit ordinaire est considéré comme insuffisant pour combattre le terrorisme. Des mesures sont donc prises dans l'urgence, fragilisant ainsi nos libertés fondamentales.
Dans les contextes de crise, les gouvernements réagissent toujours par l'adoption de législations d'exception attentatoires aux garanties fondamentales. Les arguments déployés pour les légitimer sont également devenues routinières : urgence à agir, nécessité de faire face à une violence exceptionnelle par des dispositions exceptionnelles, inefficacité du dispositif déjà existant pour faire face à de nouveaux défis sécuritaires. C'est la raison pour laquelle la proclamation de l'état d'urgence ne peut étonner, pas plus que le quasi-unanimisme avec lequel il a été voté
Ce que nous dit l'histoire du recours à l'exception
Publié le 26 novembre 2015 à 17h10 - Mis à jour le 26 novembre 2015
La sécurité, première des libertés ? Histoire d'une formule
“La sécurité est la première des libertés” : de Le Pen à Valls, la formule s'est imposée dans le débat politique
Extrait :
«Je suis un héritier de la révolution de 1789, celle des droits de l'homme et du citoyen, qui consacre la sécurité comme la première des libertés.»
Christian Estrosi, le 23 septembre sur France 2
Chirac en 1998 : «Je vous rappelle que la sécurité est la première des libertés» (7mn59)
Dans La sécurité, première des libertés ? Histoire d'une formule Par Cédric Mathiot — 24 septembre 2013 à 15:12 (mis à jour à 15:50)
D'Alain Peyrefitte à Manuel Valls, en passant par Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkoy, les politiques ne cessent de répéter cette formule, qui est en fait un drôle de glissement sémantique par rapport à l'héritage de la Révolution.
En plein débat sur le projet de loi « Sécurité et liberté », Alain Peyrefitte, le Garde des Sceaux du gouvernement Barre, affirme que « la sécurité est la première des libertés ». Et d'enchaîner, sous les vivas de l'Assemblée :
« Inversement, il n'y a pas de liberté sans une sécurité qui garantisse qu'on pourra en jouir, à commencer par la liberté de rester en vie, la liberté de garder son intégrité physique, la liberté d'aller et de venir. Il n'y a aucune contradiction à vouloir renforcer à la fois la sécurité et la liberté . La sécurité sans la liberté, c'est l'oppression ; la liberté sans la sécurité, c'est la jungle ! »
Le 25 octobre, le nouveau Premier ministre Lionel Jospin s'exprime lors d'un colloque à Villepinte, en Seine Saint-Denis, sur le thème : « Des villes sûres pour des citoyens libres ». Il y acte l'appropriation du vocable sécuritaire par la gauche. « Un citoyen dont la sécurité n'est pas assurée ne peut exercer son droit à la liberté », affirme-t-il. « Le principe républicain de l'égalité entre les citoyens ne peut ignorer ce droit à la sécurité ».
En guise de conclusion, Jospin tente de trouver le point d'équilibre entre ces deux points cardinaux :
« Il n'y a pas de choix entre la liberté et la sécurité. Il n'y a pas de liberté possible sans la sécurité. Un Etat démocratique ne pourrait accepter que les moyens mis en oeuvre pour assurer la sécurité soient attentatoires aux libertés. »
La sécurité n'a plus de couleur politique. Dans un discours au Sénat pour défendre la Loi sur la sécurité quotidienne (LSQ), prononcé quelques semaines après le 11 Septembre, le ministre de l'Intérieur socialiste, Daniel Vaillant, invoque la lutte contre le terrorisme pour raboter les libertés fondamentales. La difficile équation entre sécurité et liberté devient hiérarchique, la garantie de la première conditionnant l'exercice de la seconde :
« Face aux menaces terroristes, assurer la sécurité des personnes et des biens dans le respect de nos valeurs ne peut être attentatoire à la liberté et à nos libertés. C'est, au contraire, la condition de leur sauvegarde. »
Transmise de génération en génération comme une chanson de geste politique, ballotée dans tous les coins de l'échiquier politique, la-sécurité-première-des-libertés est en réalité une grossière erreur d'appréciation. Présentée comme un héritage direct de la Révolution française, elle ressemble surtout à un contre-sens historique. En 1789, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen affirme le droit inaliénable à la sûreté, qui protège le citoyen de l'arbitraire de l'Etat, et l'immunise contre les arrestations ou les emprisonnement arbitraires. En 2015, la sécurité, son glissement sémantique, c'est précisément l'inverse. Et c'est inquiétant.
“La sécurité est la première des libertés” : de Le Pen à Valls ... publié sur le site du Télérama
Sécurité intérieure : surveiller pour protéger ? | ARTE
Le confinement : 67 millions de privations arbitraires de liberté
Au nom du droit à la vie, les Français auront été soumis à une assignation à domicile aveugle pendant 55 jours. Notre Etat de droit est à réinventer dans le «monde d'après».
Pendant près de deux mois donc, les quelque 70 millions de personnes se trouvant sur l'ensemble du territoire français auront été soumises à une assignation à domicile aveugle, non-accompagnée par d'autres mesures préventives tels que les masques sanitaires et les tests, généralisée, indistincte géographiquement y compris dans des zones où aucune affection n'a été signalée, dont la violation réitérée pouvait donner lieu à une peine d'emprisonnement de six mois prononcée en comparution immédiate.
Le confinement : 67 millions de privations arbitraires de liberté Par Paul Cassia, professeur de droit public à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne — 12 mai 2020 à 11:00
« Pour la droite ( et ceux aux pouvoir), la première liberté, c'est la sécurité. Nous inversons la proposition : pour nous, la première sécurité est la liberté. »
Etat d'urgence : «Nous sommes tous devenus des vigiles, des physionomistes»
Pour le philosophe Michaël F½ssel, l'état d'urgence, passé d'un dispositif temporaire à un état permanent, s'inscrit dans le quotidien et plonge les citoyens dans une atmosphère de défiance constante.
Sauf surprise, l'état d'urgence sera une nouvelle fois reconduit cette semaine. Est-il à jamais notre nouveau quotidien ?
Ce gouvernement et ceux qui suivront se sont condamnés à reconduire une mesure en partie symbolique : ses effets réels contre le terrorisme sont limités. On fait rarement le bilan des lois sécuritaires. A-t-on publiquement débattu des résultats des cinq lois relatives à la sécurité publique et au renseignement votées depuis 2012 ? L'état d'urgence ressemble à Vigipirate. Un dispositif exceptionnel et temporaire... avec lequel nous vivons depuis vingt ans. C'est le propre de la banalité sécuritaire : les débats contradictoires ont lieu au moment de la mise en place des nouveaux dispositifs. Puis ceux-ci deviennent évidents, ils s'installent dans le monde commun au point de ne plus êtres interrogés. La notion de sécurité est devenue si large et si imprécise qu'il est presque impossible de lui opposer la question des droits. Qui pourrait être contre la sécurité ? Nous finirons bien par sortir un jour ou l'autre de l'état d'urgence mais la promesse de sécurité, elle, est devenue la fin en soi de l'action politique.
Publié dans Etat d'urgence : «Nous sommes tous devenus des vigiles, des physionomistes» Par Sonya Faure — 12 décembre 2016 à 20:46
Politique fiction : Globalia de Jean-Christophe Rufin
De fait, rares sont les théoriciens de la chose politique ou les publicistes à voir dans la démocratie un modèle idéal (Fourier constitue une exception remarquable). L'immense majorité se contente de répéter qu'elle est le « moins mauvais des régimes possibles ». La démocratie, en effet, n'est pas d'abord une construction intellectuelle. Elle est une aspiration qui se développe chez les peuples qui se sont déjà accoutumés à l'idée de l'égalité et elle s'instaure sous leur pression. Elle est fragile et imparfaite. Nul ne contestera, par exemple, que les instances représentatives des démocraties soient avant tout des lieux où s'organisent les compromis entre les intérêts particuliers et que « l'intérêt général » (à définir) soit donc rarement le facteur déterminant des décisions. Pourtant, faute de mieux, la démocratie mérite d'être préservée. Au-delà des péripéties romanesques, au-delà des extrapolations plus ou moins pertinentes à partir du monde actuel, c'est tout l'intérêt d'un livre comme celui de JCR que de mettre l'accent sur les menaces qui pèsent sur notre régime politique et de nous appeler à la vigilance.
Politique fiction : Globalia de Jean-Christophe Rufin
Jean-Christophe Rufin, Globalia. Gallimard, Paris 2004 ; réédition, Paris: Gallimard, 2005, 499 p.
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