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Source extrait de 1er mai sur ZEC plus ultra
En ces temps de fête perpétuelle du patronat, quelques souvenirs du 1er mai : de celui de 1886 des travailleurs à Chicago à celui de 1941, à Saint-Etienne, avec Pétain aux manettes, grand adorateur du corporatisme et grand pourfendeur de la lutte des classes.
Rosa Luxemburg
De fait, qu'est-ce qui pourrait donner aux travailleurs plus de courage et plus de confiance dans leurs propres forces qu'un blocage du travail massif qu'ils ont décidé eux-mêmes ? Qu'est-ce qui pourrait donner plus de courage aux esclaves éternels des usines et des ateliers que le rassemblement de leurs propres troupes ? Donc, l'idée d'une fête prolétarienne fût rapidement acceptée et, d'Australie, commença à se répandre à d'autres pays jusqu'à conquérir l'ensemble du prolétariat du monde.
Les premiers à suivre l'exemple des australiens furent les états-uniens. En 1886 ils décidèrent que le 1er mai serait une journée universelle d'arrêt du travail. Ce jour-là, 200.000 d'entre eux quittèrent leur travail et revendiquèrent la journée de 8 heures. Plus tard, la police et le harcèlement légal empêchèrent pendant des années les travailleurs de renouveler des manifestations de cette ampleur. Cependant, en 1888 ils renouvelèrent leur décision en prévoyant que la prochaine manifestation serait le 1° mai 1890.
Entre temps, le mouvement ouvrier en Europe s'était renforcé et animé. La plus forte expression de ce mouvement intervint au Congrès de l'Internationale Ouvrière en 1889 [2]. A ce Congrès, constitué de 400 délégués, il fût décidé que la journée de 8 heures devait être la première revendication. Sur ce, le délégué des syndicats français, le travailleur Lavigne [3] de Bordeaux, proposa que cette revendication s'exprime dans tous les pays par un arrêt de travail universel. Le délégué des travailleurs américains attira l'attention sur la décision de ses camarades de faire grève le 1° mai 1890, et le Congrès arrêta pour cette date la fête prolétarienne universelle.
A cette occasion, comme trente ans plus tôt en Australie, les travailleurs pensaient véritablement à une seule manifestation. Le Congrès décida que les travailleurs de tous les pays manifesteraient ensemble pour la journée de 8 heures le 1er mai 1890. Personne ne parla de la répétition de la journée sans travail pour les années suivantes. Naturellement, personne ne pouvait prévoir le succès brillant que cette idée allait remporter et la vitesse à laquelle elle serait adoptée par les classes laborieuses. Cependant, ce fût suffisant de manifester le 1° mai une seule fois pour que tout le monde comprenne que le 1er mai devait être une institution annuelle et pérenne.
Le 1er mai revendiquait l'instauration de la journée de 8 heures. Mais même après que ce but fût atteint, le 1er mai ne fût pas abandonné. Aussi longtemps que la lutte des travailleurs contre la bourgeoisie et les classes dominantes continuera, aussi longtemps que toutes les revendications ne seront pas satisfaites, le 1er mai sera l'expression annuelle de ces revendications. Et, quand des jours meilleurs se lèveront, quand la classe ouvrière du monde aura gagné sa délivrance, alors aussi l'humanité fêtera probablement le 1er mai, en l'honneur des luttes acharnées et des nombreuses souffrances du passé.
1894 - article publié dans le journal polonais « Sprawa Robotnicza »
1 - L'usage était alors une journée de travail d'au moins 10 à 12 heures par jour.
2 - Il s'agit du premier congrès de la II° internationale.
3 - Raymond Lavigne (1851- ?), militant politique et syndicaliste.
Le lundi 3 mai 1886, (....) !" ( Jacques-Marie Bourget )
Paris - 20 juin 1889
Ce fut Edouard Anseele, socialiste belge, qui formula l'idée d'une grève internationale le 1er mai associant notamment les travailleurs français et allemands en une action commune. Lors du congrès international socialiste de Paris, Raymond Lavigne, syndicaliste français, déposa une résolution amendée par le dirigeant social-démocrate allemand Gustav Bebel et qui fut adoptée à l'unanimité :
Fourmies, 1er mai 1891
> 1er Mai 1891: la fusillade de Fourmies - Histoire par l'image
> Les effets du fusil Lebel étudiés par les médecins militaires du Val-de-Gâce
> La fusillade du 1er mai est entrée de Fourmies -
> Le Premier mai à Fourmies - Académie de Lille.
Pétain à Saint-Étienne, 1er mai 1941

OUVRIERS TECHNICIENS PATRONS FRANÇAIS
" Dans mon message du 10 octobre dernier, je vous ai dit que l'on ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la Nation, qu'en faisant disparaître les causes qui ont dressé ces classes les unes contre les autres. Ces causes, c'est la menace du chômage, c'est l'angoisse de la misère qu'elle fait peser sur vos foyers. C'est le travail sans joie de l'ouvrier sans métier. C'est le taudis dans la cité laide, où il passe les hivers sans lumière et sans feu. C'est la vie de nomade, sans terre, sans toit. Telle est la condition prolétarienne. Il n'y aura pas de paix sociale tant que durera cette injustice.
En ce qui concerne l'organisation professionnelle, un texte de loi, si parfait qu'il soit, est impuissant à accomplir une réforme de cette ampleur. La loi ne saurait créer l'ordre social ; elle ne peut que le sanctionner, dans une institution après que les hommes l'ont établi. Le rôle de l'Etat doit se borner ici à donner à l'action sociale son impulsion, à indiquer les principes et le sens de cette action, à stimuler et orienter les initiatives. En réalité, les causes de la lutte des classes ne pourront être supprimées que si le prolétaire qui vit aujourd'hui, accablé par son isolement, retrouve, dans une communauté de travail, les conditions d'une vie digne et libre, en même temps que des raisons de vivre et d'espérer.
Cette communauté, c'est l'entreprise. Sa transformation peut, seule, fournir la base de la profession organisée, qui est elle même une communauté de communautés. Cela exige qu'une élite d'hommes se donnent à cette mission. Ces hommes existent parmi les patrons, les ingénieurs, les ouvriers. C'est à eux d'abord que je fais appel, je leur demande:
1°- De se pénétrer de la doctrine du bien commun au dessus des intérêts particuliers, de s'instruire des méthodes d'organisation du travail capables de permettre à la fois un meilleur rendement et plus de justice, en donnant à chacun sa chance dans l'entreprise et dans la profession.
2°- De s'informer des réalisations sociales qui existent déjà et que des hommes clairvoyants et généreux ont su accomplir, en dépit des difficultés de tous ordres qui, dans le passé, entravaient leurs efforts.
Ainsi, peu à peu, et par l'action de tous, une œuvre définitive s'accomplira sous l'autorité et avec l'encouragement de l'Etat. Pour entreprendre cette œuvre fondamentale qui sera la vôtre, une large enquête sera faite, à laquelle prendront part tous ceux qui veulent se dévouer à la grande cause de la paix sociale dans la justice. Tous les travailleurs, qu'ils soient patrons, techniciens, ouvriers, sont aux prises chaque jour avec des difficultés nouvelles, conséquences de la situation présente de notre pays. .
Il est donc urgent qu'ils aient la possibilité de défendre leurs intérêts légitimes, d'exprimer leurs besoins et leurs aspirations. Il est indispensable de créer des organismes qui puissent résoudre vite les questions posées ou s'ils ne peuvent les résoudre eux-mêmes, donner à l'Etat des moyens de le faire, sans que ses décisions soient paralysées par une connaissance insuffisante des problèmes ou par une organisation administrative trop lente à se mouvoir.
Tel devra être l'objet d'une première loi sur l'organisation professionnelle. Cette loi créera des organismes simples qui ne seront pas des organisations de classe, mais des comités sociaux où, patrons, techniciens et ouvriers rechercheront ensemble les solutions des problèmes actuels dans une commune volonté de justice, dans le souci constant d'apaiser par l'entraide les misères et les angoisses de l'heure.
TRAVAILLEURS FRANÇAIS , JE VOUS DEMANDE D'ENTENDRE MON APPEL. SANS VOTRE ADHESION ENTHOUSIASTE A L'ŒUVRE DE RECONSTRUCTION SOCIALE, RIEN DE GRAND NE PEUT ETRE FAIT. SACHEZ VOUS Y DONNER AVEC UN DESINTERESSEMENT TOTAL.
OUVRIERS, (....).
INGENIEURS, (....) .
PATRONS, (....) .

Ouvriers, techniciens, patrons, si nous sommes aujourd'hui confondus dans le malheur, c'est qu'hier vous avez été assez fous pour vous montrer le poing. Cherchez, au contraire, à vous mieux connaître. Vous vous en estimerez davantage, vous aurez confiance les uns dans les autres, vous résoudrez ensemble le grand problème du travail et de l'ordre social. Renoncez à la haine, car elle ne crée rien ; on ne construit que dans l'amour et dans la joie. En faisant de la France une société humaine, stable, pacifiée, vous serez les meilleurs artisans du redressement de la Patrie."
de Roro »
Extrait tiré de Anarchisme - Normand Baillargeon, L' Ile de la Tortue, 1999.
Lu sur l'En dehors : Le massacre du Haymarket (1886) et la vraie histoire du Premier Mai :
L'origine et la signification libertaires du premier mai sont désormais tombées dans l'oubli. Car le premier mai, c'est bien un événement majeur de l'histoire du mouvement ouvrier, mais plus particulièrement de l'anarchisme que nous commémorons - désormais sans en connaître l'origine.
Remontons le temps.
Nous sommes en 1886, à Chicago. Dans cette ville, comme dans tout le pays, le mouvement ouvrier est particulièrement riche, vivant, actif. À Chicago, comme dans bien d'autres municipalités, les anarchistes sont solidement implantés. Des quotidiens libertaires paraissent même dans les différentes langues des communautés immigrées. Le plus célèbre des quotidiens anarchistes de Chicago, le Arbeiter-Zeitung, tire en 1886 à plus de 25 000 exemplaires. Cette année-là, le mouvement ouvrier combat pour la journée de huit heures. Les anarchistes y sont engagés, mais avec leur habituelle lucidité: la journée de huit heures pour aujourd'hui, certes, mais sans perdre de vue que le véritable objectif à atteindre est l'abolition du salariat. Le mot d'ordre de grève générale du premier mai 1886 est abondamment suivi, et tout particulièrement à Chicago. Ce jour-là, August Spies, un militant bien connu de la Ville des Vents, est un des derniers à prendre la parole devant l'imposante foule des manifestants. Au moment où ceux-ci se dispersent, la démonstration, jusque là calme et pacifique, tourne au drame: 200 policiers font irruption et chargent les ouvriers. Il y aura un mort et des dizaines de blessés. Spies file au Arbeiter-Zeitung et rédige un appel à un rassemblement de protestation contre la violence policière. Elle se tient le 4 mai, au Haymarket Square de Chicago.
Cette fois encore, tout se déroule d'abord dans le calme. Spies prend la parole, ainsi que deux autres anarchistes, Albert Parsons et Samuel Fielden. Le maire de Chicago, Carter Harrison, assiste à la manifestation et, alors qu'elle s'achève, il est convaincu que rien ne va se passer. Il en avise donc le chef de police, l'inspecteur John Bonfield, et lui demande de renvoyer chez eux les policiers postés à proximité. Il est dix heures du soir. Il pleut abondamment. Fielden a terminé son discours, le dernier à l'ordre du jour. Les manifestants se dispersent, il n'en reste plus que quelques centaines dans le Haymarket Square. Soudain, 180 policiers surgissent et foncent vers la foule. Fielden proteste. Puis, venue d'on ne sait où, une bombe est lancée sur les policiers. Elle fait un mort et des dizaines de blessés. Les policiers ouvrent le feu sur la foule, tuant on ne saura jamais combien de personnes. Une chasse aux sorcières est lancée dans toute la ville. Les autorités sont furieuses. Il faut des coupables. Sept anarchistes sont arrêtés. Ce sont: August Spies, Samuel Fielden, Adolph Fischer, George Engel, Michael Schwab, Louis Lingg et Oscar Neebe. Un huitième nom s'ajoute quand Albert Parsons se livre à la police, persuadé qu'on ne pourra le condamner à quoi que ce soit puisqu'il est innocent, comme les autres. En fait, seuls trois des huit suspects étaient présents au Haymarket Square le soir de ce 4 mai fatal.
Le procès des huit s'ouvre le 21 juin 1886 à la cour criminelle de Cooke County. On ne peut et on ne pourra prouver qu'aucun d'entre eux ait lancé la bombe, ait eu des relations avec le responsable de cet acte ou l'ait même approuvé. D'emblée, une évidence s'impose pour tous: ce procès est moins celui de ces hommes-là que celui du mouvement ouvrier en général et de l'anarchisme en particulier. La sélection du jury tourne à la farce et finit par réunir des gens qui ont en commun leur haine des anarchistes. Y siège même un parent du policier tué. Le juge Gary ne s'y est pas plus trompé que le procureur Julius Grinnel qui déclare, dans ses instructions au jury: " Il n'y a qu'un pas de la République à l'anarchie. C'est la loi qui subit ici son procès en même temps que l'anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu'ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury: condamnez ces hommes, faites d'eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C'est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l'anarchie, ou non."
Le 19 août, tous sont condamnés à mort, à l'exception d'Oscar Neebe qui écope de quinze ans de prison. Le procès a été à ce point ubuesque qu'un vaste mouvement de protestation internationale se déclenche. Il réussit à faire commuer en prison à vie les condamnations à mort de Schwab et Fielden. Lingg, pour sa part, se pend dans sa cellule. Le 11 novembre 1887 Parsons, Engel, Spies et Fischer sont pendus. Ce sont eux que l'histoire évoque en parlant des martyrs du Haymarket. Plus de un demi-million de personnes se pressent à leurs funérailles. C'est pour ne pas oublier cette histoire qu'il sera convenu de faire du premier mai un jour de commémoration. Neebe, Schwab et Fielden seront libérés officiellement le 26 juin 1893, leur innocence étant reconnue ainsi que le fait qu'ils ont été les victimes d'une campagne d'hystérie et d'un procès biaisé et partial. Ce qui reste clair cependant, ce sont les intentions de ceux qui condamnèrent les martyrs de Chicago: briser le mouvement ouvrier et tuer le mouvement anarchiste aux États-Unis. Le jour même où avait été annoncée la condamnation à mort des quatre anarchistes, on avait communiqué aux ouvriers des abattoirs de Chicago qu'à partir du lundi suivant, ils devraient à nouveau travailler dix heures par jour.
Reste une question irrésolue jusqu'à ce jour: qui a lancé cette bombe? De nombreuses hypothèses ont été avancées, à commencer par celle accusant un policier travaillant pour Bonfield...
(fin de l'extrait)
La Nature n'a fait ni serviteurs ni maitres, c'est pourquoi je ne veux ni commander ni recevoir d'ordres
Origine du 1er mai :
Mais la chasse continue.
Un groupe d'anarchistes s'est opposé à un rassemblement fasciste en mai dernier dans la banlieue de Chicago. Suite aux affrontements, 5 d'entre eux ont été arrêtés . Jason Sutherlin a été condamné à 6 ans de prison, Cody Lee Sutherlin et Dylan Sutherlin à 5 ans, Alex Stuck et John Tucker à 3ans 1/2
http://tinleyparkfive.wordpress.com/
Dans le nord-ouest, fin avril, le FBI et la Homeland Security ont déclenché une vague de harcèlement concernant plusieurs dizaines de personnes (perquisitions de domicile, contrôle dans les rues...) à Olympia, Seattle, Portland....
http://anarchistnews.org/content/urgent-gathering-discuss-fbi-harassment-olympia
Il existe de nombreux cas de parution devant les "Grand Juries"
http://grandjuryresistance.org/grandjuries.html
Je pourrais en écrire une page. Beaucoup d'ami-e-s américain-e-s rapprochent la situation actuelle au COINTELPRO des années 60.
La différence est que l'on ne fusille plus, on se contente d'emprisonner. Comme quoi, la civilisation progresse
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