Le Chat du rabbin
Film d'animation réalisé en 2010 par Joann Sfar, Antoine Delesvaux
Le Chat du Rabbin - Bande annonce Finale HD
Alger, années 1920. Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges. Le rabbin veut l'éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est prêt à tout pour rester auprès d'elle... même à faire sa bar mitsva ! Le rabbin devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque ! Une lettre apprend au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en français. Pour l'aider, son chat commet le sacrilège d'invoquer l'Eternel. Le rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe en quête d'une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la route coloniale...
Un chat qui parle ? Non pas l'animal anthropomorphe des cartoons façon Walt Disney, mais un matou philosophe qui, avant d'acquérir la parole, a appris à lire et réfléchir sur les genoux de son maître, paisible rabbin dans l'Algérie des années 1920.
Un chat qui pense, goûtant la rhétorique et l'exégèse enseignées par l'étude du Talmud. Et surtout un chat qui juge, parfois sans indulgence, les adultes qui l'entourent, tour à tour colons crétins ou religieux intolérants...
Best-seller en librairie - cinq aventures depuis 2002, neuf cent mille exemplaires vendus -, Le Chat du rabbin, qui fit de Joann Sfar le chef de file d'une « nouvelle bande dessinée » française, s'anime sur grand écran. C'est le deuxième film de l'auteur de Gainsbourg (vie héroïque), coréalisé avec un spécialiste de l'animation, Antoine Delesvaux. L'animation, justement, est douce et fluide : le crayonné pagailleux de Sfar, son goût pour des cases bien remplies, laisse place à une image nettement plus « ligne claire », sans pour autant chercher le réalisme (à l'image de la 3D, qui superpose joliment les à-plats, façon conte oriental).
Dans des décors mordorés (belle ouverture sur le port d'Alger) s'agitent des personnages hauts en couleur : le rabbin Sfar, homonyme de l'auteur, sa jolie fille Zlabya, un peintre russe qui a fui les pogroms, un cheikh musulman plein de sagesse... Tous cohabitent, quelle que soit la confession de chacun, témoignant d'une douceur de vivre, d'un monde où la parole, gage de sagesse, suffirait à résoudre les conflits.
Le scénario réunit les deux premiers et le dernier album dela BD. D'abordune chronique souriante de la vie algéroise : « révélation » vocale du chat, qui réclame de faire sa bar-mitsva (question de cours rabbinique : le félin bavard d'un juif est-il juif ?) ; épreuve officielle à laquelle se soumet son maître pour garder son rabbinat ; arrivée tonitruante du cousin Malka, légende de l'Atlas, flanqué de son très gros chat - un lion. Ensuite, l'aventure : la traversée de l'Afrique en autochenille à la recherche d'un mythe,la Jérusalemmiraculeusement préservée des Falashas d'Ethiopie. Cette terre d'asile existe-t-elle seulement ?
C'est par le son que le film s'impose. Musique qui mêle rythmes klezmers et inspira-tion arabo-andalouse, et surtout casting vocal de tout premier ordre : on ne lira plus les aventures du chat raisonneur sans entendre le timbre faussement naïf de François Morel ; son maître rabbin est interprété par Maurice Bénichou, dont le léger accent pied-noir est synonyme de douceur et de fatalisme. La jeune Hafsia Herzi donne joie et sensualité au personnage de Zlabya. Les autres voix, de Fellag à Jean-Pierre Kalfon, en passant par Mathieu Amalric en prince nomade, sont à l'unisson.
Dans l'univers de Joann Sfar, l'humour mordant le dispute à la philanthropie. Ainsi, la seconde partie du film est-elle un savoureux voyage initiatique, un apprentissage de la différence, fondé sur la curiosité de l'autre - où l'on croise d'ailleurs, au coeur de l'Afrique, un petit reporter belge bien borné, lui. Il s'agit d'une quête, d'une fable, et ce n'est pas déflorer son dénouement qu'en dévoiler la morale : la clé du vivre-ensemble est en chacun de nous.
Aurélien Ferenczi
Le chat du Rabbin En Entier
Meilleur Film d'Animation, Joann Sfar et Antoine Delesvaux, Le Chat du rabbin ( 20 min)
Le Chat du Rabbin - Making of - LE BANJO
Joann Sfar : "Le chat du rabbin se bat contre les guerres de religion"
Son film adapté de sa bande dessinée "Le chat du Rabbin" sort aujourd'hui. Après le succès de "Gainsbourg, vie héroïque". Joann Sfar a réalisé en relief une oeuvre humaniste universelle saluée par toute la critique.
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